Le jeudi 23 mars 2023, au siège du Conseil national des
Droits de l’Homme (CNDH) sis à Cocody les II plateaux vallon, a eu lieu la
cérémonie de lancement du projet d’appui à la Promotion et protection des
Droits de l’Homme en Côte d’Ivoire. Initié
dans l’objectif d’accompagner le CNDH dans sa mission de promotion et de protection
des Droits de l’Homme, ce projet est le fruit d’un partenariat avec l’Union
européenne (UE), à travers l’Institut danois des Droits de l’Homme (IDDH),
partenaire technique.
D’une durée d’exécution de deux ans, ce projet vient
soutenir les efforts de mise en œuvre des recommandations issues de l’Examen
périodique universel (EPU) après le dernier passage de la Côte d’Ivoire en
2019. De façon plus concrète, le CNDH et l’IDDH, deux « institutions sœurs »
bénéficiant d’une bonne synergie d’actions, travailleront autour de cinq
activités majeures pour la première année. Il s’agit de renforcer la
collaboration entre les acteurs étatiques et les Organisations de la société
civile (OSC) pour la promotion des Droits de l’Homme ; de former les Forces de Défense et de Sécurité
de la Côte d’Ivoire à une meilleure connaissance des Droits de l’Homme ; de
renforcer les capacités des Clubs des Droits de l’Homme des lycées et collèges
afin de permettre aux élèves d’avoir une meilleure connaissance des Droits de
l’Homme ; d’aider les groupes vulnérables à bénéficier d’une meilleure
assistance juridique et judiciaire de la part du CNDH ; d’aider les détenus et
les agents de l’administration pénitentiaire à mieux connaitre les droits des
détenus et de renforcer les capacités techniques du personnel du CNDH.
Prenant la parole, la présidente du CNDH, Mme Namizata
Sangaré a rassuré que le CNDH mettra tout en œuvre pour le succès de ce projet,
et surtout compte œuvrer en vue d’améliorer le respect de la dignité
humaine. Poursuivant, elle a indiqué que le CNDH est convaincu que ce projet
est une opportunité pour améliorer le respect des droits des groupes
vulnérables (femmes ; enfants, personnes en situation de handicap, détenus). « Il permettra, en outre, d’accroitre la
visibilité de l’institution auprès des populations et d’améliorer notre interaction avec les autres acteurs étatiques et la société
civile, notamment à travers les fora des droits de l’homme. Le cadre de
dialogue et de formation avec les Forces de Défense et de Sécurité (FDS)
favorisera une meilleure connaissance des droits de l’Homme par celles-ci. Ce
qui consolidera la confiance avec les populations locales. Il s’agit in fine de contribuer au respect des
droits de l’homme afin que les populations puissent les revendiquer utilement
a-t-elle indiqué.
S’adressant aux partenaires, elle a rassuré que le CNDH tiendra
compte des exigences des partenaires tout au long du projet car il a mis en
place des dispositifs adaptés, notamment pour le succès des activités qui
seront menées sur le terrain.
Je puis vous assurer que leur mise en œuvre prendra en
compte les principes de transparence, de
pérennité, de bonne gouvernance et le souci du bien-être des populations.
Pour sa part, Francesca
Di Mauro, Ambassadrice de l’Union européenne en Côte d’Ivoire a indiqué que cette
initiative s’inscrit dans le socle des valeurs communes partagées par l’UE et
la Côte d’Ivoire. Dans ce cadre, la protection et promotion des droits de
l’Homme, véritable colonne vertébrale de l’action extérieure de notre Union,
s’inspire d’un principe bien simple : ne laisser personne de côté.
« Ce nouvel accompagnement de l’Union européenne en
matière des Droits de l’Homme financé à hauteur de 500 000 euros (soit 328
millions de FCFA), permettra de renforcer les capacités du CNDH, sa présence
sur le terrain à travers ses antennes régionales, et soutiendra la mise en
œuvre des recommandations de l’Examen périodique universel (EPU) de 2019 dans
tout le pays » a –t-elle indiqué.
« Je tiens à souligner que le projet que nous lançons
aujourd’hui est un exemple concret de la nouvelle approche « Team Europe »
puisque le partenaire de mise en œuvre est une institution d’un Etat membre de
l’UE (Institut danois des Droits de l’Homme) homologue du CNDH. Ceci facilitera
le partage de connaissances, le transfert d’expertise et des bonnes pratiques
et des conseils, dans le cadre d’un dialogue constructif de partenariat entre
deux institutions « sœurs » (peer-to-peer) » a-t-elle ajouté.
Mme Mette Thygesen, directrice de la division internationale
de l’Institut Danois des Droits de l’Homme
(IDDH) a indiqué que ce projet vient
soutenir les efforts déjà consentis par les acteurs étatiques et non étatiques
en Côte d’Ivoire en faveur du respect des droits de l’homme. Il offre ainsi à l’IIDH
et au CNDH, une remarquable opportunité d’explorer des synergies d’action et de
partage d’expérience en vue de renforcer le respecte de la dignité humaine et
en particulier celui des groupes vulnérables.
Apres plusieurs années de partenariats gagnant-gagnant, le
Conseil national des droits de l’homme (CNDH) et la fondation Friedrich Neumann
se sont accordés afin de poursuivent leur collaboration dans le cadre de la
promotion des droits de l’homme.
Pour l’année 2023, les deux structures travaillerons
ensemble sur des projets de formations en lien avec l’université des droits de
l’homme du CNDH et d’autres projets en collaborations avec certaines structures
qui ouvrent dans le même sens.
Pour rappel, Le CNDH et Friedrich Neumann ont organisé de concert des sessions
délocalisées de formation sur le droit international et cette fondation est un
grand partenaire de l’université des droits de l’homme du CNDH.
Dans le cadre de sa mission de protection, de promotion et de défense des Droits de l’Homme, le CNDH organise des sessions d’échanges portant sur des thématiques relatifs au Droits de l’Homme dont la session thématique SANTE. Cette session avait pour thème général « les médicaments de la rue » . Deux communications dont l’une portant sur : « La politique du médicament en Côte d’Ivoire : enjeux et défis » et l’autre sur : « les médicaments de la rue : risques, dangers, défis de la lutte ».Au nom de la présidente, le Secrétaire Exécutif du CNDH, BAMBA Sindou a adressé des mots de bienvenue à l’assemblée et a présenté les objectifs de cette rencontre qui n’étaient autre que : l’identification les dangers liés à la consommation des médicaments de la rue et la réflexion sur les actions à mener contre la vente et la consommation des médicaments de la rue. La première communication intitulé « les médicaments de la rue » a été dite par Dr N’GUESSAN Bosson Jean-Marie, Sous-Directeur de l’Inspection et de la Surveillance du Marché, représentant de l’Autorité Ivoirienne de la Régulation Pharmaceutique (AIRP). Ce dernier a mis l’accent sur la présentation de l’AIRP, quelques définitions, le contexte réglementaire du circuit du médicament, les actions de lutte contre les Produits Médicaux de Qualité Inférieur (PMQIF) et des perspectives d’actions. Selon l’intervenant, au terme des dispositions de l’art. 3 de la loi 2015-533 du 20 juillet 2015 relative à l’exercice de la pharmacie, « On entend par médicament toute substance ou préparation administrée à l’homme ou à l’animal en vue d’établir un diagnostic médical, de traiter ou de prévenir une maladie, ou de restaurer, corriger, modifier des fonctions organiques. »Le trafic de faux produits de santé s’étend au-delà de l’expression « faux médicaments » ou « médicaments de la rue ».L’exposant a décrit le circuit officiel d’homologation des produits pharmaceutiques et a indiqué que les conséquences de la consommation de médicaments illicites sont entre autres, les décès, les maladies, les coûts supplémentaires humains et économiques (effets indésirables, infections résistantes, prolongation de la maladie, incapacité de travailler, etc,…), le financement de grandes organisations criminelles et à leurs activités associées (blanchiment d’argent, trafic d’armes, exploitation humaine et proxénétisme, terrorisme), la perte de confiance au système de santé et replie vers des traitements empiriques, traditionnels. La seconde communication a été dite par Dr YAPO Monssan Raoul, Consultant indépendant. Sa communication a porté sur « les médicaments de la rue et leur impact sur la santé (risques, dangers et défis de la lutte) ».Après avoir fait un état des lieux sur le phénomène des médicaments de la rue, il a présenté les dangers des activités illicites sur les personnes et aussi un impact négatif sur le développement économique sociopolitique du pays. Il a mis en relief les facteurs favorisants l’achat de faux médicaments par la population et les mesures prises par l’Etat ivoirien pour mettre fin à ce fléau. En outre, Dr YAPO Monssan Raoul a exposé sur les défis liés à la lutte contre les médicaments de la rue. Relativement à l’état des lieux, Dr YAPO Monssan a indiqué 92% femmes dont 35% illettrées exercent cette activité. Elles n’ont aucune formation médicale et l’activité se déroulent à plus de 50% dans la rue. Les sites connues sont Abidjan (marché Roxy d’Adjamé) et les marchés de toutes les grandes villes et communes. Cette activité s’exerce dans tous les secteurs y compris le transport, les sources d’approvisionnement sont nombreuses et ce secteur comprend un fort taux d’analphabétisme et/ou d’illettrisme. Selon Dr YAPO, la lutte contre les médicaments de la rue se justifie par le fait de risques plus élevés chez la population d’avoir des médicaments vendus périmés avec de mauvaise conservation et la modification des principes actifs. Cette lutte doit prendre en compte l’ignorance des vendeurs et utilisateurs sur la toxicité des médicaments; l’analphabétisme des vendeurs ; la publicité nocive ; les phénomènes de résistance accrue (RAM), l’aggravation des maladies, traitements + longs et couteux, l’augmentation de la morbidité et mortalité.
Le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) est passé du statut « B » au statut « A » de l’Alliance Mondiale des Institutions Nationales pour la promotion et la protection des Droits de l’Homme (GANHRI) en décembre 2020. Cette accréditation a été délivrée par le Sous-Comité en charge de l’évaluation des INDHs relativement à sa conformité « aux Principes de Paris », normes internationalement admises pour la création et le fonctionnement d’une INDH.
Le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) a procédé, ce mardi 21 mars, à la cérémonie d’ouverture de la deuxième édition du programme de Coaching des Femmes pour les élections. C’était au sein de ses locaux en présence de plusieurs autorités notamment la présidente du Mouvement génération capable (MGC), Simone Ehivet Gbagbo, des sénatrices, des maires et d’autres femmes leaders.
La présente édition s’inscrit dans l’objectif du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) de contribuer à accroître le niveau de représentation des femmes dans les assemblées élues à l’issue des processus électoraux et à encourager les parties et groupements politiques à respecter le quota de 30% selon la loi n°2019-870 du 14 octobre 2019 a indiqué la présidente du CNDH, Mme Namizata Sangaré.
A cet effet, de janvier à février 2023, le CNDH a lancé un appel à candidature sur les réseaux sociaux et les médias. 141 femmes désirant être candidates à des élections ou membres de staff de candidat(s) ont ainsi candidaté pour participer à ce programme.
Ce riche programme de coaching comporte une formation générale qui démarre le 29 mars et tiendra jusqu’en mai et un coaching spécifique à leur intention pour chaque orientation électorale prévue du 31 mai au 26 juillet 2023.
Les candidates seront instruites sur des modules portant, entre autres, sur la participation des femmes à la Vie Publique et Politique ; le système Électoral Ivoirien ; l’organisation d’une Campagne Électorale ; la prise de parole en public ; le Rôle des maires et conseillers régionaux ; les violences faites aux femmes en période électorale ; la gestion de la communication politique ; la prise de parole en public ; la gestion des sphères professionnelle et personnelle et le leadership, pour ne citer que ceux-ci.
Prenant la parole, Mme Simone Ehivet Gbagbo est intervenu sur la place et le rôle de la femme dans l’espace politique, de la société traditionnelle à la société moderne et a révélé quelques qualités essentielles pour être ou devenir une femme politique de conviction. « Je dirai aux femmes que la clé pour réussir une carrière politique, c’est d’avoir des convictions fortes et une vision claire de leur projet. Cette vision doit être fondée sur les valeurs qu’elles devront être prêtes à défendre en tout temps et en toute circonstance si elles veulent aller jusqu’au bout de leurs rêves, ceux d’être à l’endroit où se prennent les décisions qui engagent la vie et l’avenir de nos communautés et de nos sociétés » a-t-elle encouragé.
Bien avant elle Agnès Kraidy a fait un exposé sur la communication politique afin de donner des rudiments de communication aux participants.
Depuis 1945, la communauté internationale a progressivement
développé et précisé les règles du droit international des droits de l’homme,
dont les textes fondateurs sont la Charte des Nations Unies (1945) et la Déclaration
universelle des droits de l’homme (1948). Aujourd’hui, les principaux droits de
l’homme sont définis dans la Déclaration ainsi que dans neuf instruments
internationaux relatifs aux droits de l’homme et neuf protocoles facultatifs.
À l’instar de tous les autres instruments internationaux
relatifs aux droits de l’homme, la Convention relative à la protection des
droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille qui a
été adopté le 18 décembre 1990 par les Nations Unies fixe des normes dont les
différents États doivent s’inspirer pour adopter des mesures favorables aux
droits des personnes migrantes.
La Côte d’Ivoire, qui
est partie à la grande majorité des
instruments juridiques relatifs aux droits de l’homme, a réaffirmé dans le
préambule de sa Constitution sa détermination à promouvoir, protéger et
garantir les droits de l’homme, les libertés publiques, la dignité de la
personne humaine, la justice et la bonne gouvernance.
Toutefois, il reste qu’à ce jour, l’Etat de Côte d’Ivoire,
n’a pas encore adhéré à ce texte. Et ce,
malgré son fort taux de population migrante, estimé à 6 435 835 de personnes non ivoiriennes sur 28
millions d’habitants selon le
recensement général de la population et de l’habitat de 2021.
Au regard de sa loi habilitante, le Conseil National des
droits de l’Homme, a pour mission d’encourager l’Etat de Côte d’Ivoire à la
ratification des instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme ou à
l’adhésion à ces textes.
Le mécanisme migration mis en place par le Conseil qui a
entre autres pour objectif d’aboutir à l’adhésion de la Côte d’Ivoire à ladite
convention et qui rassemble des acteurs clés de la protection des droits de
l’Homme en général et des droits des personnes migrantes de manière spécifique
constitue un tremplin pour mener un plaidoyer afin d’influencer les
décideurs en la matière.
C’est dans ce cadre que ce jeudi 23 février, le CNDH a
échangé avec les ONG qui travaillent pour la protection des droits des migrants
autour du thème « La convention internationale sur la protection des
droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille »
animé par Sylvie Kouamé, responsable du projet PROMIS à HCDH/ONUDC. Il s’agissait
pour elle d’expliquer les dispositions de la convention et son apport dans la
protection des droits des personnes migrantes aux participants, de sensibiliser
l’assistance sur l’intérêt pour la Côte d’Ivoire de l’adhésion à ce texte et
enfin d’élaborer un plan de travail à mettre en œuvre dans le cadre du
plaidoyer.
Dans le cadre des rencontres thématiques, le CNDH a organisé la 8ème rencontre thématique Mécanisme CNDH- Organisations de jeunesse. Cette activité a enregistré la participation d’organisations de jeunesse et deux communications dont celle de Monsieur Konangui François, Chef de département chargé de la Coopération et des Relations avec les organisations de la société civile au CNDH et celle de Monsieur GNAMAN Yannick, représentant Ministère de la Promotion de la Jeunesse, de l’insertion Professionnelle et du Service Civique .Monsieur Yannick GNAMAN, représentant du ministère de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion Professionnelle et du Service Civique, a invité les jeunes à plus s’informer sur les opportunités disponibles et d’éviter de se laisser distraire par les paroles sans fondement. Il a ajouté que la politique du Président est que tous les jeunes soient pris en compte qu’ils soient diplômés ou pas.Ainsi, des possibilités de formation diversifiées sont organisées par le Ministère en partenariat avec plusieurs structures nationales et internationales pour créer de nombreuses opportunités.Les échanges entre participants et communicateurs ont permis de répondre aux attentes des jeunes. Des recommandations ont été formulées au cours des échanges.
Conformément à son mandat de promotion, de protection des droits de l’Homme, le CNDH a procédé au cours de l’année 2020, au renforcement de sa collaboration avec les organisations de défense des droits des victimes et ayants droits de victimes, par la mise en place d’une plateforme d’échanges et d’interaction. Plusieurs rencontres ont été conduites au cours desquelles ont été abordées les questions en lien avec la situation des victimes et ayants droit de victimes des crises en Côte d’Ivoire. Ce mercredi 22 février 2023, s’est tenu la première rencontre de cette plateforme d’échange pour l’année en cours. Cette première rencontre visait à ressortir les difficultés que rencontrent les victimes dans le processus d’indemnisation, a indiqué la vice-présidente, Dr Marie Paule Kodjo. « Il est important pour nous, acteurs des droits de l’homme d’adresser la question de l’indemnisation des victimes et ayants droits de victimes afin que leurs droits soient respectés » a-t-elle indiqué. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, l’indemnisation devrait être accordée pour tout préjudice qui se prête à une évaluation économique, toute perte de revenus, de biens, d’opportunités économiques, ou tout dommage moral. Face à la souffrance des victimes et de leurs ayants droits, l’indemnisation est hautement salutaire car elle contribue à leur apporter un soulagement et à leur faciliter leur intégration dans la société, dans la dignité.
Le conseil national des droits de l’homme (CNDH) a organisé le mercredi 22 février, la 39ème session du Forum des Droits de l’Homme autour du thème « Démocratie, Droits de participation et processus électoral au cœur des échanges. » Cette session animée par le Dr Flan Mockey visait à contribuer à rendre les élections plus inclusives et pacifiques en Côte d’Ivoire.En effet, à son indépendance la Côte d’Ivoire a fait le choix de la démocratie, comme forme de gouvernement en vue d’assurer la participation de tous les citoyens aux décisions publiques et à la vie politique de la cité. La Côte d’Ivoire a, par ailleurs, choisi l’élection comme moyen de désignation, au sein des populations, des personnes destinées à les représenter ou à occuper une fonction en leur nom.Ces choix s’inscrivent au cœur de valeurs universelles promues par les Nations Unies et mettent en évidence le fait que la volonté du peuple est le fondement de l’autorité du pouvoir public. Le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, de même que le principe de la tenue d’élections périodiques et honnêtes constituent des éléments essentiels de la démocratie.Il est par ailleurs à noter que la participation des populations aux affaires politiques et publiques joue un rôle primordial dans la gouvernance démocratique d’un pays. Elle en constitue d’ailleurs une source fiable de légitimité. Dès lors, le processus électoral et, subséquemment, les élections qui en sont l’aboutissement, apparaissent, ensemble, comme un enjeu suprême de pouvoir,Le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), conformément à son mandat, se propose alors d’ouvrir les débats sur la problématique, dans le cadre du Forum des droits de l’homme, plateforme périodique d’échanges, d’orientations et d’actions avec les organisations de défense des droits de l’Homme.Les participants ont ainsi évalué la situation des Droits de l’Homme dans les processus électoraux en Côte d’Ivoire de même que la participation des populations aux différentes élections. Ils ont également identifié les entraves à la participation des populations au processus électoral et les sources de violences et identifier les obstacles à la réalisation des élections inclusives en Côte d’Ivoire. Les participants ont également identifié les causes des ruptures de la paix lors des processus électoraux
Ce 10 décembre marque le 74e anniversaire de la Déclaration
universelle des droits de l’homme, adoptée en 1948 lors de l’Assemblée générale
des Nations unies tenue à Paris (50 votes pour, 8 abstentions).
Pour Salvatore Saguès, spécialiste des droits de l’homme à l’Organisation
internationale de la Francophonie (OIF), ancien chercheur d’Amnesty
International, cette déclaration a eu des effets considérables, mais elle ne
pourrait probablement pas être adoptée comme telle aujourd’hui. Entretien.
RFI : D’abord,
quels sont les pays qui, à l’heure actuelle, n’ont pas encore adopté ou ratifié
la Déclaration universelle des droits de l’homme ? D’ailleurs, est-ce
qu’on l’adopte ou est-ce qu’on la ratifie la Déclaration universelle des droits
de l’homme ?
Salvatore Saguès : Ni l’un ni l’autre, car cette
déclaration n’a pas de valeur contraignante puisque, comme son nom l’indique,
c’est une déclaration. Personne ne l’adopte ou personne ne la ratifie,
contrairement aux instruments comme les conventions ou comme les pactes. Mais
les principes de cette déclaration ont été repris dans de très nombreux
instruments internationaux qui, eux, ont été ratifiés à la fois à l’échelle
universelle et régionale. Donc, on peut dire qu’il y a quand même un consensus
général sur les principes. La déclaration a une valeur déclarative, mais n’est
pas soumise à ratification ni à adhésion.
C’est donc plutôt une
source d’inspiration et un modèle…
Exactement. C’est une source d’inspiration qui a directement
mené à l’adoption, en 1966, des deux grands pactes relatifs aux droits
civils et politiques et aux droits économiques, sociaux et culturels qui,
eux, ont été pour la première fois des instruments contraignants qui ont posé
des normes dans ces domaines, qui font obligation aux États de les respecter.
Mais contraignants
jusqu’à quel point ?
C’est tout le problème du droit international. Ces deux
pactes, comme d’autres instruments – comme la Convention contre la torture, la
Convention contre les disparitions forcées – mettent en place un comité. Et
donc, les États doivent régulièrement envoyer des rapports pour préciser la
nature de leur respect de ces droits de l’homme. Et, pour certains de ces
comités, il y a la possibilité que des individus déposent plainte contre
l’État. Mais évidemment, ce n’est contraignant que dans la mesure où l’État
accepte de s’y plier, bien sûr. D’où le rôle des ONG [Organisations non
gouvernementales, NDLR], des journalistes, des militants qui font pression avec
également le poids de l’opinion publique pour que ces droits soient respectés.
C’est toujours un rapport de force entre d’une part le droit qui impose,
d’autre part les États qui, parfois et souvent, rechignent et enfin les ONG de
défense des droits humains, ou de simples citoyens, qui militent
pour faire pencher la balance du bon côté.
Si l’on remonte dans le temps, est-ce que l’on peut cibler
les principaux textes et documents dont s’est inspirée cette déclaration ? On
parle, par exemple, du cylindre de Cyrus, qui date du VIe siècle avant
Jésus-Christ, comme de la plus ancienne déclaration des droits de l’homme.
Est-ce exact ?
Oui tout à fait. Il est considéré comme le premier texte de
cette nature. Il a été salué comme la première charte des droits de l’homme et
l’ONU en a publié une traduction dans toutes les langues onusiennes en 1971.
Mais je ne suis pas un spécialiste de cette époque précise. [Découvert en 1879
à Babylone, site qui se trouve dans l’Irak actuel, ce cylindre en argile
en forme de tonneau décrit, en écriture cunéiforme, un certain nombre de
thèmes évoqués par Cyrus le Grand, l’empereur de Perse, comme la liberté de
culte, l’abolition de l’esclavage et la liberté de choix de profession, NDLR]
Le cylindre de Cyrus, exposé au Musée national d’Iran, à
Téhéran, le dimanche 12 septembre 2010. Un artéfact babylonien, parfois décrit
comme la première charte des droits de l’homme au monde, sera exposé en Iran
après que le gouvernement a menacé de couper les liens avec le British Museum
si celui-ci ne prêtait pas l’objet. Le cylindre de Cyrus est un objet en argile
datant du VIe siècle avant J.-C., sur lequel est inscrit en cunéiforme le récit
de la conquête de Babylone par le roi perse Cyrus le Grand. Il est arrivé en
Iran le 10 septembre et sera exposé au Musée national d’Iran pendant quatre
mois, rapporte alors la télévision d’État.
Le cylindre de Cyrus, exposé au Musée national d’Iran, à
Téhéran, le dimanche 12 septembre 2010. Un artéfact babylonien, parfois décrit
comme la première charte des droits de l’homme au monde, sera exposé en Iran
après que le gouvernement a menacé de couper les liens avec le British Museum si
celui-ci ne prêtait pas l’objet. Le cylindre de Cyrus est un objet en argile
datant du VIe siècle avant J.-C., sur lequel est inscrit en cunéiforme le récit
de la conquête de Babylone par le roi perse Cyrus le Grand. Il est arrivé en
Iran le 10 septembre et sera exposé au Musée national d’Iran pendant quatre
mois, rapporte alors la télévision d’État. AP – Vahid Salemi
Ensuite, en remontant
le temps jusqu’à la Grèce et la Rome antique, est-ce que l’on peut trouver des
textes et des hommes qui se sont saisis de cette idée des droits de
l’homme ?
Bien sûr. La Grèce d’abord, qui a inventé la démocratie,
tout en gardant à l’esprit que cette démocratie ne concernait que les hommes et
pas les femmes. Et uniquement les citoyens libres, pas les métèques [étrangers résidant
à Athènes sans avoir les droits d’un citoyen dans le sens premier du terme,
NDLR] ou les esclaves. Les Romains aussi ont adopté des droits, mais seulement
pour eux. Et c’est d’ailleurs pourquoi la déclaration de 1948 est si importante
parce que, pour la première fois, c’est au niveau universel ! Mais tout au long
de ces 2 000 ans effectivement, il y a eu des dispositions qui ont visé à
assurer les droits de certaines catégories de la population et, évidemment, des
individus qui étaient au pouvoir, à savoir en Occident, les hommes blancs et
libres. Cela a exclu les esclaves durant des millénaires et les femmes jusqu’au
début du XXe siècle. Mais il y a eu, en effet, des règles qui, peu à peu,
ont été adoptées.
La première
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, c’est celle signée le 26 août
1789 à Paris par l’Assemblée constituante. Mais elle-même, où a-t-elle trouvé
son inspiration ?
L’une des principales inspirations, c’est Jean-Jacques
Rousseau qui, l’un des premiers, a dit que la souveraineté de l’État
repose sur le peuple, sur la nation et non sur les aristocrates ni sur une
monarchie de droit divin qui, parce qu’elle se prétend choisie par Dieu, peut
décider pour elle seule du bien de la nation. La déclaration de 1789 découle
des Lumières et du fait que l’autorité ne découle plus de Dieu ni de son
représentant sur terre, le roi, mais qu’elle est l’émanation de la volonté
générale.
La Constitution
américaine de 1787 est également citée comme source d’inspiration. Plusieurs
députés de l’Assemblée constituante, comme Lafayette ou Talleyrand, avaient
d’ailleurs voyagé en Amérique. La Déclaration des droits de l’homme a donc
aussi une filiation anglo-saxonne ?
Oui tout à fait. Il y a déjà la Magna carta, la Grande
Charte de 1215 qui, pour la première fois, a limité les droits du roi en
Angleterre même si, à nouveau, c’étaient les nobles qui défendaient leurs
droits. Mais tout cela vient de cette même idée que le pouvoir ne peut pas être
imposé d’en haut, au nom de Dieu ou au nom du roi. Et donc, les droits de
l’homme ont rogné peu à peu dans cet absolutisme soit religieux, soit royal,
pour installer des droits qui appartiennent à un grand nombre et au nom de la
raison.
Est-ce que l’Habeas
Corpus adopté en Angleterre en 1679 et qui impose que tout prisonnier soit
déféré devant un juge fait également partie de cette filiation ?
Absolument. L’Habeas Corpus, c’est essentiel puisque
c’est la première limitation à la détention arbitraire. En France,
malheureusement, on a eu les lettres de cachet où l’on pouvait envoyer
quelqu’un à la Bastille de manière illimitée sans rien justifier. L’Habeas
Corpus, c’est la première fois qu’il y a une règle qui dit qu’on ne peut pas
détenir quelqu’un de manière arbitraire. Il faut qu’il y ait un motif qui soit
vérifié et validé par un juge. Cela part à nouveau de l’idée de limiter le
pouvoir absolu.
Comment expliquer,
sur le plan philosophique, que la Constitution américaine, souvent citée comme
modèle, se soit accommodée si facilement de l’esclavagisme aux États-Unis ?
Parce que cette Constitution a été adoptée sur un mode
consensuel. Cette Constitution de 1787 est un texte très, très,
court qui résumait le consensus des treize colonies qui ont fondé les
États-Unis. Peu à peu, ils ont adopté les célèbres amendements – il y en a
maintenant vingt-sept – et chaque amendement est venu préciser quelque
chose. Par exemple, le 1er amendement, c’est celui concernant la liberté
d’expression et ce n’est que le 13e amendement, après la guerre de Sécession
en 1865, qui a aboli l’esclavage. Les amendements ont été ajoutés de manière
très pragmatique. Alors évidemment, comme tous les États du Sud étaient
esclavagistes et que pour modifier la Constitution américaine il faut une
majorité des deux tiers au Congrès ou bien une proposition émanant des deux
tiers des États [cette deuxième possibilité n’a jamais été utilisée dans
l’Histoire américaine, NDLR], c’était impossible avant la guerre de Sécession
de faire adopter ce type d’amendement contre l’esclavage.
Vous avez cité
Jean-Jacques Rousseau comme l’un des inspirateurs de la Déclaration des droits
de l’homme. Du côté des philosophes allemands, par exemple, y a-t-il eu
également des chantres des droits de l’homme ?
Oui bien sûr, et en particulier Emmanuel Kant. Kant a
été un homme très important. Ce philosophe allemand était très admiratif de la
Révolution française. C’est celui qui, pour la première fois dans le domaine
philosophique, a dit : « Je ne sais pas si Dieu existe ou s’il
n’existe pas, mais je ne peux pas le connaître par ma raison. » Cela
veut dire « donc je ne peux pas imposer quelque chose à autrui au nom
d’une autorité que je ne peux pas expliquer ». Il a écrit un très beau
texte qui s’appelle Qu’est-ce que les Lumières ? où il dit que
l’arrivée des Lumières, c’est l’affranchissement de l’homme, que c’est
l’arrivée de l’homme à l’âge adulte. Il a été un très grand inspirateur de tout
cet élan vers l’idée qu’il faut remplacer l’autorité sans contestation par la
raison.
Image d’artiste non datée montrant le philosophe allemand
Emmanuel Kant. Kant, mort le 12 février 1804 à Koenigsberg, aujourd’hui
Kaliningrad, en Russie occidentale.
Image d’artiste non datée montrant le philosophe allemand
Emmanuel Kant. Kant, mort le 12 février 1804 à Koenigsberg, aujourd’hui
Kaliningrad, en Russie occidentale. ASSOCIATED PRESS
Vous citez Dieu.
Est-ce que le fait religieux, souvent porteur de dogmes, et les droits de
l’homme peuvent être conciliables ?
C’est une grande question. Il est évident que dans la Bible
et dans le Coran, il y a des règles qui ont été reprises par les droits de
l’homme : tu ne tueras point, tu ne voleras point…
Je vous coupe :
les Dix Commandements, par exemple, peuvent être aussi considérés comme les
« ancêtres » de la déclaration des droits de l’homme ?
Oui, bien sûr. On peut le dire comme ça, tout en sachant que
les Dix Commandements sont un texte tellement court et tellement ouvert à
interprétation… Par exemple, le « Tu ne tueras point » n’a pas
empêché les religions de justifier la peine de mort. Dans cette optique, il
faut tuer celui qui a tué. Lus de manière progressiste, les Dix
Commandements peuvent être une source pour les droits de l’homme et
justifier le premier droit de l’homme, le droit à la vie, principal argument
des militants de l’abolition de la peine de mort. À l’inverse, ce même
texte, lu au pied de la lettre, peut justifier les pires choses.
Les dogmes religieux
peuvent parfois être contraignants, voire priver de certaines libertés…
C’est tout le pari des droits de l’homme. Les droits de
l’homme sont, en fait, une sécularisation de certains principes intangibles.
C’est vrai que les Dix Commandements, ou les principes de la Bible, avaient
comme légitimité le fait que c’était Dieu qui les avait donnés aux hommes alors
que les droits de l’homme, c’est l’homme qui se les donne lui-même en tant que
souverain. C’est à la fois une sécularisation et une sacralisation, parce que
maintenant, on peut dire que le droit à la vie, que le droit à ne pas être
discriminé, que le droit à l’éducation ou à la santé, par exemple, sont des
droits intangibles. Il n’y a personne qui nie ces droits même si, après, les
modes de mise en œuvre de ces droits peuvent grandement varier. Mais ce sont
des droits qui ne souffrent d’aucune contestation. Nulle part, il y a un État
qui peut oser dire : « On n’a pas le droit d’être soigné de
manière égale quelle que soit l’origine ethnique ou l’origine économique de la
personne. »
Est-ce que le droit à
l’avortement peut être considéré comme un droit de l’homme ?
Alors ça, c’est une très grande question. Elle a divisé
beaucoup d’ONG, y compris Amnesty International. Certains ont opté pour une
voie de compromis en s’abstenant de réclamer le droit à l’avortement de manière
absolue tout en mettant l’accent sur les cas où le fait de refuser l’avortement
met en danger la santé mentale ou physique d’une personne. C’est évidemment le
cas en cas de viol, et c’est évidemment le cas en cas d’inceste. Mais, comme
vous le savez, il y a des pays – notamment en Amérique latine – où
même des jeunes filles qui ont été violées ou bien qui ont été victimes
d’inceste et sont tombées enceintes peuvent être poursuivies pour avoir tenté
d’interrompre leur grossesse. L’évolution récente, aux États-Unis, est à cet
égard très inquiétante. Car au-delà de la question de principe sur laquelle on
peut débattre, il est incontestable que l’interdiction de l’avortement a une
portée discriminatoire évidente. Une femme américaine qui dispose de moyens
financiers pourra toujours se rendre à New York ou en Californie pour y
effectuer une interruption de grossesse dans des conditions sanitaires sûres.
Je crois que le grand défi des droits de l’homme, c’est d’éviter le piège des
débats philosophiques. Les débats philosophiques, c’est fait pour les
philosophes. Je prends le cas très important des droits LGBT
[Lesbienne-Gay-Trans et Bi, NDLR] sur lesquels j’ai beaucoup travaillé.
Évidemment qu’il y a des pays, en Afrique notamment mais aussi en Asie et en
Amérique latine où, à cause de la religion ou de pesanteurs sociologiques,
certains vont dire : « Les homosexuels sont des gens anormaux ;
donner des droits aux homosexuels, cela va remettre en cause la famille et
caetera ». L’approche par les droits signifie que l’on va dire : un
homosexuel est une personne comme les autres. Donc, les droits fondamentaux de
cette personne ne peuvent pas être remis en cause ; cette personne ne peut
pas être arrêtée de manière arbitraire, ou condamnée à mort de manière
arbitraire, ou frappée de manière arbitraire. Donc, on va essayer ne de ne pas
tomber dans le piège du débat philosophique sur la conception de la famille ou
sur la morale mais plutôt de dire qu’il y a des droits qui sont intangibles.
Moi, je vais souvent en Afrique parler avec des États qui criminalisent encore
les relations homosexuelles et je leur dis : « Voilà, est-ce que vous
estimez normal d’arrêter quelqu’un, de le tabasser, de le torturer, de le
maintenir en prison de manière arbitraire pour quelque raison que ce
soit ? » Évidemment, les autorités vont dire :
« Non ». Et parmi les « quelque raison que ce soit », il y
a l’orientation sexuelle. C’est une manière d’éviter le piège qu’on peut nous
tendre en disant : « Ce que vous voulez, en fait, c’est introduire
partout le mariage pour tous ou des choses comme ça ». On dit :
« Non, ça c’est un problème de morale, c’est un problème de société et
c’est au gouvernement de décider cela ; mais il y a des droits intangibles sur
lesquels personne ne peut revenir. » Et ces droits, ce sont
l’interdiction absolue de la torture, c’est le droit absolu à avoir un procès
équitable, à ne pas être détenu de manière arbitraire, à ne pas être tabassé,
etc.
L’abolition de la
peine de mort est l’une des plus grandes avancées en matière de droits de
l’homme, mais elle est assez récente. Est-ce que, par le passé, des
civilisations avaient aboli la peine de mort ?
À ma connaissance, non. Comme vous le savez, la torture est
interdite dans tous les cas, mais la peine de mort n’est pas interdite par le
droit international dans tous les cas. Dans le Pacte international des
droits civils et politiques, il est dit : « On ne privera pas
quelqu’un de la vie de manière arbitraire, sauf lorsque des sanctions légales
sont prévues. » Pourquoi y a-t-il eu cette disposition ? Parce
que, sans cette disposition, tous les États qui pratiquent la peine de mort
– comme les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Iran – n’auraient pas
ratifié ce pacte. Cela permet aux pays qui n’ont pas aboli la peine de mort de
dire : « On pratique la peine de mort, mais on respecte le droit
international dans la mesure où nous ne tuons qu’en fonction de sanctions
légales. » C’est un combat qui est mené au jour le jour. Plus des
deux tiers des États à travers le monde ont aboli la peine de mort et le
mouvement abolitionniste ne cesse de connaître des avancées, même aux
États-Unis, mais, contrairement à la torture, on ne peut pas dire que la peine
de mort est interdite par le droit international.
Les droits de
l’homme, c’est aussi les droits des femmes. Or, en anglais, on parle des
« human rights », littéralement les « droits humains »,
alors qu’en français, on a gardé l’expression « droits de l’homme ».
Même si c’est au sens large du terme, est-ce que cela ne pose pas problème,
encore plus dans le contexte actuel ?
C’est un très grand débat. De plus en plus d’organisations
internationales comme Amnesty, par exemple, parlent de « droits
humains ». Les Canadiens parlent des « droits de la personne »
ou des « droits humains ». Je sais que la France, les Nations unies
et l’OIF où je travaille actuellement, gardent pour le moment « droits de
l’homme », mais même dans ces enceintes, cela aussi est en train de
changer. À l’OIF, nous gardons pour le moment « droits de l’Homme » avec un H
majuscule. En fait, ceux qui défendent cette optique disent que, en latin,
« homo », c’est homme et femme, comme dans « Homo sapiens ». En
latin, le mot « homme » se dit « vir » et pas
« homo ». Et donc ils disent que, à l’origine, le mot
« homme » ne désignait pas les hommes au masculin mais les hommes et
les femmes. C’est effectivement un débat, mais je pense qu’il ne faut pas
attribuer trop d’importance à cela, parce que les défis sont tellement grands
que perdre du temps là-dessus… Moi, je préfère « droits humains » à
titre personnel. Mais je préfère consacrer mon énergie à défendre les droits
qu’à discuter longuement entre « droits de l’homme » et « droits
humains ».
On a quand même
l’impression que le respect des droits de l’homme s’applique surtout pour le
moment aux sociétés occidentales. On a tort ?
Non, on ne peut pas dire cela. Moi, cela fait trente ans que
je travaille sur l’Afrique et, en trente ans, le degré de la liberté
d’expression et d’association dans ce continent a connu des avancées
inimaginables.
Pas dans les pays où
la charia est appliquée cependant….
Même dans ces pays, les droits de l’Homme servent de fer de
lance à la contestation et peuvent secouer des régimes forts. Regardez ce qui
se passe actuellement en Iran. Des hommes et des femmes jeunes sont prêts à
mourir pour la liberté, pour des droits qui ont été consacrés de manière
universelle, pour la première fois en 1948. Toutes les demandes de liberté et
de respect des droits dans le monde découlent directement de la Déclaration
universelle des droits de l’homme. Ce texte repose sur un postulat et un pari.
Il affirme l’universalité, l’indivisibilité et l’interdépendance des droits de
l’Homme. Et cette affirmation demeure révolutionnaire et pour beaucoup d’États
difficile à accepter. Beaucoup d’observateurs affirment que la Déclaration
universelle des droits de l’Homme ne pourrait pas être adoptée aujourd’hui par
les États, parce que ce texte va très loin. Cette déclaration, si on la relit
maintenant, quasiment tous les droits y sont consacrés. On peut imaginer que de
nombreux États refuseraient actuellement d’adopter cette déclaration pour des
raisons idéologiques ou religieuses.
Vous avez dit que la
Déclaration de 1948 couvrait tout le droit. Or, depuis 1948, l’humanité a
évolué. Et il y a des problématiques qui ne figurent pas dans la Déclaration
universelle des droits de l’homme de 1948 : la bioéthique, la génétique,
l’environnement, l’espace, etc. Est-ce qu’il ne serait pas opportun d’ajouter
des chapitres comme on ajoute des amendements à une Constitution ?
Comme je vous l’ai dit, parvenir au consensus de 1948 était
relativement facile pour deux raisons : d’abord, il y avait beaucoup moins
d’États qu’aujourd’hui. Il n’y avait quasiment pas d’États indépendants en
Afrique, il y avait très peu d’États en Asie qui étaient indépendants, on
sortait de la Deuxième Guerre mondiale… Même les Russes, par exemple, qui
pouvaient ne pas être tout à fait d’accord avec des principes tels que la
liberté d’expression qu’ils bafouaient tranquillement chez eux, n’ont pas osé
s’y opposer. Donc, je pense que toucher à la déclaration maintenant me
semblerait très dangereux. En revanche, là où vous avez tout à fait raison,
c’est que ces nouveaux droits, qui n’étaient pas envisagés à l’époque, doivent
faire l‘objet de nouvelles conventions. L’Accord de Paris sur le climat, par
exemple, ou sur la bioéthique : il faut faire de nouvelles conventions
pour intégrer ces droits. Mais au-delà de la conclusion d’accords, il y a le
problème de la mise en œuvre et là, je ne peux qu’être pessimiste. La
polarisation actuelle dans le monde, sans précédent depuis la fin de la guerre
froide, la désastreuse présidence de Donald Trump, la fuite en avant du
président Poutine, l’autisme des autorités chinoises, cela ne porte à
l’optimisme. Sauf à agir en brandissant à nouveau l’arme des droits de l’Homme.
Les Russes coupables de crimes de guerre pourraient un jour se retrouver à La
Haye devant la CPI, comme cela a été le cas pour Milosevic. C’est ce que
demandent et recherchent déjà des ONG de défense des droits de l’Homme, comme
la FIDH.
On peut garder espoir
quand même ?
Oui, parce que nous n’avons pas d’autre choix et parce que,
malgré tout, il y a des signes d’espérance. Malgré tout leur pouvoir, Trump ou
Bolsonaro ont été chassés par les urnes. Le pouvoir théocratique en Iran
vacille sous les cris de jeunes femmes et de jeunes hommes qui n’ont plus peur.
En Ukraine, un peuple s’est levé contre un envahisseur beaucoup plus puissant
que lui et il tient bon. Vous pourrez, bien entendu, m’opposer des dizaines de
contre-exemples, que je ne pourrai pas nier. Mais quel que soit le point de vue
que l’on adopte, il est incontestable que la défense des droits de l’Homme, de
la démocratie et de l’État de droit demeure une arme redoutable et
crainte des tyrans.
Pour conclure, vous
diriez qu’elle a laissé quel héritage, cette Déclaration universelle des droits
de l’homme ?
Je crois qu’elle a laissé le plus beaux des héritages ; pour la première fois dans l’histoire de
l’humanité, des droits s’appliquent à tous. C’est la première fois dans
l’histoire de l’humanité que des États ont lancé un signal : celui de dire
qu’il y a des droits qui concernent tout le monde. Jusque-là, certains de ces
droits avaient concerné des personnes, dans le Nord, des personnes éduquées et avaient
exclu d’autres. Pour la première fois, le principe de l’universalité et de
l’indivisibilité des droits de l’Homme a été proclamé. Et puis le deuxième
héritage, c’est que ce texte a permis ensuite l’adoption de textes
contraignants. Il y a, à l’heure actuelle, neuf grands traités
contraignants : les deux pactes dont je vous ai parlé en début d’entretien
mais aussi la convention contre la torture, contre les disparitions forcées,
sur les droits de l’enfant, etc., qui, eux, sont des pactes contraignants.
Malgré tous les retards, malgré toutes les marches arrière, pour la première
fois dans l’humanité, des États ont accepté de limiter leur propre pouvoir. Mes
étudiants à Sciences Po me disent : « Est-ce qu’il y a des raisons
d’être optimistes dans un monde aussi grave ? ». Je leur réponds que
j’ai travaillé vingt-cinq ans pour Amnesty International, que j’ai rencontré
les pires tortionnaires, que j’ai rencontré les chefs d’État les plus cyniques
qui soient, en Afrique, et qu’aucun ne m’a dit : « Moi ? Eh bien, je
torture ! Moi, je tue ! » Ils ont menti, ils ont caché, ils
ont nié, ils ont même affirmé être de grands défenseurs des droits de l’Homme.
Est-ce qu’on peut imaginer Gengis Khan ou, plus près de nous, Hitler ou Staline
prendre de telles précautions ? Donc, malgré tout, même chez les pires
tortionnaires, il y a désormais un surmoi qui impose le respect de ces normes.
Même lorsqu’elles sont violées. Malgré tout, il y a eu, dans la conscience
universelle, un bond en avant inimaginable. Et cela, nous le devons en grande
partie à la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
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